Bâtiments tertiaires : comment réduire vos consommations électriques efficacement 

Par Lounis Ghanty

Lorsqu’on parle de performance énergétique dans les bâtiments tertiaires, on pense spontanément au chauffage, à la ventilation ou à l’isolation. L’installation électrique, elle, reste souvent dans l’ombre. Et pourtant, le lot électricité, et notamment l’éclairage, recèle un fort potentiel d’optimisation. Mal connu, parfois sous-estimé, il est pourtant structurant pour réduire les consommations sans dégrader le confort. 

Loin des solutions gadget, ce sont des choix techniques précis — bons dimensionnements, luminaires intelligents, pilotage fin, capteurs adaptés — qui permettent d’agir efficacement. Aujourd’hui, l’éclairage ne se contente plus d’illuminer. Il réagit, s’adapte, anticipe. Encore faut-il le concevoir en plaçant l’utilisateur au cœur du dispositif : c’est toute la logique de la maîtrise d’usage. 

Dans cet article, Lyndra-LGI vous explique comment concevoir une installation d’éclairage performante et sobre, en valorisant pleinement les leviers offerts par les technologies actuelles. 

L’enjeu énergétique dans les bâtiments tertiaires

Les bâtiments tertiaires représentent une part significative de la consommation énergétique nationale. En France, ils totalisent près de 20 % des consommations finales d’énergie, dont une large part liée à l’électricité (éclairage, bureautique, climatisation, etc.). Le décret tertiaire, en vigueur depuis octobre 2019, impose désormais aux propriétaires et exploitants de bâtiments de plus de 1 000 m² une réduction progressive de leurs consommations. 

Décret tertiaire : comment ça marche ?

Décret tertiaire : comment ça marche ? 

Le Décret Tertiaire (ou dispositif Éco Énergie Tertiaire) impose aux bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² une réduction progressive de leur consommation d’énergie finale. 
Objectifs à atteindre : 

  • – 40 % d’ici 2030 
  • – 50 % d’ici 2040 
  • – 60 % d’ici 2050 

Pour cela, les exploitants doivent : 

  • déclarer leurs consommations sur la plateforme OPERAT ;
  • justifier des actions mises en œuvre
  • suivre leurs progrès année après année. 

Des pénalités sont prévues en cas de non-conformité. 

Dans un projet tertiaire, le lot électricité est souvent relégué au second plan lorsqu’on parle de performance énergétique. C’est un paradoxe tenace : bien qu’il ne soit pas le plus gourmand, c’est l’un des postes les plus faciles à optimiser, en particulier via l’éclairage. 

Ce dernier représente une consommation continue et prévisible, mais trop souvent pilotée en tout-ou-rien. Pourtant, des choix simples — luminaire LED bien dimensionné, gradable, associé à une gestion intelligente — permettent d’atteindre des gains significatifs sans surcoût majeur. 

Ces démarches prennent tout leur sens dans le contexte du décret tertiaire. Ici, chaque poste compte, et l’éclairage est l’un des rares à pouvoir conjuguer confort, maîtrise d’usage et sobriété. 

Enfin, il ne faut pas négliger l’amont : le bon dimensionnement des câbles, des protections et des circuits spécialisés conditionne la performance globale. Une installation bien pensée, c’est une base solide pour une gestion fine. 

Éclairage intelligent : un levier d’économie immédiat

💡 Un poste stratégique pour réduire rapidement les consommations

L’éclairage constitue jusqu’à 30 % de la consommation électrique d’un bâtiment tertiaire. C’est donc un poste prioritaire pour réaliser des économies rapides. Le remplacement des anciens luminaires par des LED à haute efficacité permet de réduire immédiatement la consommation jusqu’à 70 %, tout en améliorant le confort visuel.

🎯 Un pilotage intelligent, centré sur l’usage

Dans un bâtiment tertiaire, l’éclairage doit être piloté intelligemment. Ce n’est plus une option, mais une exigence fonctionnelle et réglementaire. Pour répondre aux usages variés et aux exigences de performance, il faut aller au-delà de la simple extinction automatique : l’éclairage doit réagir au contexte. 

La plupart des projets intègrent aujourd’hui des systèmes de détection, souvent perçus comme contraignants par les usagers. Pour y répondre, nous privilégions des approches qui placent l’utilisateur au centre, en combinant détection et commande manuelle. L’objectif : ne jamais imposer un automatisme, mais offrir une expérience fluide et intuitive. C’est une raison pour laquelle nous nous assurons, dans nos prescriptions, de prévoir la formation : la commande reste souvent un élément nouveau pour les usagers. 

Dans cette logique, la détection d’absence — qui éteint la lumière après le départ, sans l’allumer automatiquement à l’arrivée — s’avère souvent plus adaptée. Elle limite les allumages inutiles, tout en préservant le confort. 

🌗 Une gradation locale pour une lumière sur-mesure

Les luminaires modernes permettent une gradation locale, point par point. On éclaire davantage là où la lumière naturelle manque, et l’on atténue côté façade. Le résultat ? Une lumière juste, maîtrisée et bien acceptée. 

Enfin, certaines solutions intègrent un retour d’information (via GTB ou supervision) pour suivre les performances et affiner les réglages. Parfait pour obtenir un éclairage optimal, économique… et durablement maîtrisé. 

Ce type de gestion fine est conforme aux recommandations des normes comme NF EN 12464 ou au calcul LENI (Lighting Energy Numeric Indicator), exigé pour les bâtiments performants. Elle permet également de respecter les seuils d’éclairement tout en limitant l’éblouissement et la surconsommation. 

éclairage optimal dans un bureau

🎨 L’esthétisme au service de la performance

Trop souvent, performance énergétique et esthétisme sont présentés comme antagonistes. Pourtant, les luminaires d’aujourd’hui permettent de concilier efficacité, confort visuel et exigence architecturale. Design épuré, lignes discrètes, finitions personnalisables : les fabricants proposent une grande variété de modèles adaptés aux projets tertiaires les plus exigeants. 

En tant que concepteurs, nous avons à cœur de collaborer avec les architectes dès le départ pour choisir des solutions d’éclairage cohérentes avec l’identité du lieu, sans compromis sur la performance. Un bon luminaire ne se voit pas forcément… mais il se ressent. 

⚠️ La LED : une technologie à manier avec expertise

Attention, la LED n’est pas la solution miracle en elle-même ! Cette technologie, aujourd’hui largement répandue, doit être maîtrisée. Une LED performante est le résultat d’un équilibre délicat entre efficacité lumineuse, durée de vie, qualité de rendu des couleurs et confort visuel. 

Dès l’étude d’éclairement, il faut également prendre en compte la sécurité photobiologique : certaines LED peuvent générer de l’inconfort, voire des effets indésirables (lumière bleue, scintillement…). D’où l’importance de travailler avec des partenaires expérimentés, capables de sélectionner les bons produits, aux bons emplacements, pour garantir un éclairage sain, stable et durable. 

Pilotage centralisé : mieux gérer l’éclairage au quotidien

Le pilotage de l’éclairage ne peut plus se limiter à quelques horloges ou détecteurs isolés. Dans une logique de performance globale, il doit s’intégrer à un système centralisé — GTB ou solution de pilotage dédiée — pour coordonner l’ensemble des sources lumineuses du bâtiment. 

Grâce à ce pilotage, il est possible de définir des scénarios adaptés à l’usage réel : extinction progressive après occupation, gradation selon l’heure, variation automatique selon les apports de lumière naturelle. L’éclairage devient réactif, mais aussi prédictif. Il s’adapte aux pics d’activité, aux zones de passage, aux horaires atypiques. 

C’est aussi un outil essentiel pour la maintenance. Les données de fonctionnement (temps d’allumage, alertes, dérives) permettent d’anticiper les pannes et de planifier les interventions. Plus besoin d’attendre qu’un luminaire clignote pour intervenir. 

Enfin, le pilotage centralisé facilite le reporting énergétique, notamment dans le cadre du décret tertiaire. On peut suivre l’impact réel des actions engagées, justifier les économies et ajuster les réglages en continu. 

Capteurs et IoT au service des usages

Pour piloter efficacement l’éclairage, il faut d’abord mesurer, détecter, anticiper. Les installations tertiaires modernes reposent sur des réseaux de capteurs qui fournissent des données en temps réel. On distingue principalement deux types de capteurs : 

  • les capteurs de présence ou d’absence, qui déclenchent ou interrompent l’éclairage en fonction de l’occupation des espaces ; 
  • les capteurs de luminosité, qui ajustent l’intensité lumineuse selon l’apport de lumière naturelle.

Mais une gestion intelligente ne se limite pas à l’automatisme. Elle doit toujours prévoir une commande manuelle complémentaire, pour donner à l’utilisateur la possibilité de reprendre la main si besoin. C’est un principe fondamental de maîtrise d’usage. 

Grâce à l’IoT, ces dispositifs deviennent interopérables, pilotables à distance, et évolutifs. Leur intégration peut répondre aux exigences des labels comme : 

  • R2S (Ready 2 Services), qui valorise la connectivité et l’adaptabilité numérique du bâtiment ; 
  • WiredScore, qui atteste de la qualité de l’infrastructure numérique et de la performance des services connectés. 

Ces référentiels encouragent une approche globale où l’éclairage devient un système intelligent et serviciel, au bénéfice du confort, de la sobriété… et de la valeur du bâtiment. 

Pour des économies d'énergie, le meilleur luminaire est celui qui reste éteint

Éclairage et ENR : vers une gestion cohérente et sobre

Même si l’éclairage ne représente qu’une partie de la consommation globale d’un bâtiment, il peut parfaitement s’inscrire dans une logique d’autoconsommation locale. Avec l’essor du photovoltaïque, il devient possible de faire coïncider production et usage, notamment en journée, lorsque les besoins lumineux sont encore présents.

L’enjeu, ici, est d’intégrer intelligemment la lumière dans le mix énergétique. Grâce à une GTB ou un système de gestion de l’énergie, il est possible : 

  • d’adapter les horaires d’allumage ou l’intensité selon la production solaire instantanée ; 
  • de prioriser certaines zones d’éclairage (espaces communs, zones de circulation) ; 
  • d’éviter les pics de consommation, par exemple à la reprise d’activité. 

Cette approche devient particulièrement pertinente dans les bâtiments équipés de stockage, ou dans les scénarios de réduction d’appel de puissance (contractualisé ou volontaire). 

En somme, l’éclairage connecté joue un rôle actif dans la performance énergétique globale, en apportant flexibilité et cohérence à l’exploitation des ENR.

Mesure, suivi et optimisation continue

Dans toute démarche de performance, la mesure est la clé. Encore plus lorsqu’il s’agit d’éclairage, souvent perçu comme un poste mineur… mais dont l’optimisation exige une vision précise et granulaire des usages. 

Les installations électriques modernes doivent donc intégrer des compteurs dédiés à l’éclairage, associés à des outils de suivi en temps réel. Ces données permettent d’identifier les zones surconsommatrices, de repérer des anomalies de fonctionnement (luminaire allumé hors plage horaire, gradation inactive, capteur inopérant…), ou tout simplement de valider l’efficacité des actions mises en place. 

Ce suivi continu est aussi indispensable pour répondre aux exigences du décret tertiaire et alimenter la plateforme OPERAT avec des données fiables et traçables. 

Certaines solutions vont plus loin, en proposant des rapports automatiques, des alertes de dérive et des tableaux de bord personnalisés, accessibles à distance. En croisant ces données avec l’occupation réelle des espaces, on peut affiner les scénarios, ajuster les seuils de luminosité ou modifier les plages d’éclairage. 

L’éclairage devient alors un système piloté, maîtrisé, évolutif. Non plus une dépense fixe, mais une variable d’ajustement au service de la performance globale.

Passer à l’action : optimisez votre consommation dès maintenant

Vous l’avez compris : l’éclairage peut devenir un levier concret d’optimisation énergétique, un marqueur de qualité d’usage, et un critère de valorisation des bâtiments tertiaires. Trop longtemps négligé, le lot électricité doit aujourd’hui retrouver sa juste place dans les stratégies de performance. 

De la gradation à la détection, du bon dimensionnement à la supervision, chaque décision technique compte. Et pour que ces solutions soient efficaces et bien acceptées, elles doivent être conçues au plus près des usages réels. 

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Lyndra-LGI vous aide à concevoir des installations électriques sur-mesure, prêtes à répondre aux enjeux réglementaires, techniques et humains. 

Faites de l’éclairage un moteur de performance. Contactez-nous dès aujourd’hui. 

L'auteur

Lounis Ghanty

Président de Lyndra-LGI
Ingénieur en génie électrique

Ingénieur diplômé de l’INSA Lyon (GEII) et de l’École Centrale de Lyon (M2 SIDS)

Fort de plus de 15 ans d’expérience en conception, étude et réalisation de projets tertiaires, logement et industriels complexes en courants forts et faibles, j’ai accompagné des dizaines de maîtrises d’ouvrage et d’entreprises dans la mise en place de solutions fiables et performantes.

Certifications :
  • CANECO BT HT (formation initiale et perfectionnement)
  • Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre : missions et responsabilités de chacun dans la construction

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